Socialisme 1.0
La littérature anticommuniste a toujours préféré utiliser des arguments moralisateurs stigmatisant les répressions dans les pays du socialisme réel plutôt que de laisser la porte ouverte à des analyses contextualisées, comparatives et rationnelles des politiques appliquées dans ces pays. Et pour rendre le tableau encore plus apocalyptique, elle a mélangé dans un tout quasi inexplicable les répressions visant les crimes de droit commun réels, les répressions visant les crimes politiques réels avec les excès qui ont visé des innocents. Sans tenir compte par ailleurs de l’état économique et des conditions mentales des populations vivant dans des pays à peine arrachés à des conditions de vie archaïques, pour ne pas dire sordides. Se trouvant en plus, à cause des changements révolutionnaires dans lesquels s’étaient engagés ces États, dans une situation de forteresse assiégée, de blocus, de sanctions et de guerre. Le concept de totalitarisme appliqué mécaniquement aux pays socialistes a permis d’empêcher toute analyse de la vie réelle de ces sociétés traversées par des contradictions démontrant en fait leur vitalité et leur créativité. Il a souvent fallu attendre la fin de la communauté socialiste pour découvrir que c’est elle qui avait imposé, de 1945 à 1991, un rapport de force international permettant de mener des politiques de paix, de désarmement et de sécurité collective. Choses aujourd’hui oubliées depuis que le bloc occidental a cru avoir gagné la guerre froide et multiplié, dans la foulée, les interventions, les pressions, les chantages et les guerres contre tout État et tout peuple refusant le règne globalitaire du néolibéralisme néoconservateur. Ce livre a pour but d’appeler à faire un effort d’analyse rationnelle de ce que fut le socialisme réel comme première étape du passage du capitalisme au socialisme. Bruno Drweski est historien, politologue, professeur des universités à l’INALCO (Langues’O), ancien rédacteur en chef de La Pensée et de Recherches internationales, co-fondateur et ancien membre de la direction d’Espaces Marx, rédacteur à Ruptures, militant de l’ARAC, auteur d’articles et d’ouvrages sur l’Europe orientale et le monde arabe. Aux éditions Delga ont déjà paru : La nouvelle russie est-elle de droite ou de gauche ? ainsi que Une solidarité qui a coûté cher – Histoire populaire de Solidarność.

ISBN 978-2-37607-254-6

100 pages

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Sovietica
Ce siècle (1917-2017) fut le théâtre, comme on sait, de l’affrontement de deux systèmes antinomiques, le capitalisme et le socialisme, mais aussi, corollairement, et ceci reste pour l’essentiel un impensé, de deux anthropologies antinomiques, homo oeconomicus et homo sovieticus, qui avaient poussé sans grand contact de chaque côté de la digue. En 1989-1991 les vannes ont été subitement ouvertes… À travers le présent récit autobiographique livré par une Soviétique, Irina Malenko, qui dut dans les années 90 émigrer aux Pays-Bas puis en Irlande, c’est le télescopage de ces deux anthropologies qui nous est raconté ; narration faite de va-et-vient entre elles, dans le temps et la géographie. Dans une véritable balade à ciel ouvert dans l’idéologie « libérale libertaire » (voir Michel Clouscard, Éditions Delga), essence ultime d’homo oeconomicus, Irina Malenko, qui ayant grandi en URSS a été de fait préservée de la contamination de cette chimère, montre un Occident malade de l’instant trivial même qu’il corrompt (la séquence logique production-consommation y est retournée pathologiquement en son inverse), et nous découvre en contrepoint homo sovieticus comme son édifiante « rédemption ». Comme tous les sondages en Russie aujourd’hui le montrent, les ex- Soviétiques regrettent majoritairement l’URSS et, ayant expérimenté à leur corps défendant et à leurs dépens les « miracles » du libéralisme débridé, ratifieraient sans aucun doute pour la plupart le point de vue anthropologique d’Irina Malenko. La publication de ce livre sans équivalent constitue un événement éditorial inédit majeur. Irina MALENKO

ISBN 978-2-37607-150-1

508 pages

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Staline et le peuple
« Mes publications avec les statistiques d’archives sur la répression politique des prisonniers du Goulag et de l’”exil koulak“ ont eu un impact significatif sur les soviétologues occidentaux, les forçant à abandonner leur thèse directrice des 50 à 60 millions de victimes présumées du régime soviétique. Les soviétologues occidentaux ne peuvent pas simplement rejeter les statistiques d’archives publiées comme une mouche importune, ils doivent en tenir compte. Dans Le Livre noir du communisme, préparé par des spécialistes français à la fin des années 1990, ce chiffre a été ramené à 20 millions. Mais même ce chiffre ”réduit“ (20 millions), nous ne pouvons l’accepter. Il comprend à la fois un certain nombre de données fiables, confirmées par des documents d’archives, et des chiffres estimés (plusieurs millions) de pertes démographiques pendant la guerre civile, de personnes mortes de faim à différentes périodes, etc. Parmi les victimes de la terreur politique, les auteurs du Livre noir du communisme comptaient même ceux qui sont morts de faim en 1921-1922 (famine dans la région de la Volga causée par une grave sécheresse), ce que ni R. A. Medvedev ni beaucoup d’autres experts dans ce domaine n’avaient jamais fait auparavant. Néanmoins, le fait même de la diminution (de 50-60 millions à 20 millions) de l’ampleur estimée des victimes du régime soviétique indique qu’au cours des années 1990, la science soviétologique occidentale a connu une évolution significative vers le bon sens, mais qu’elle est restée bloquée à mi-chemin de ce processus positif. Selon nos estimations, strictement basées sur les documents, il s’avère qu’il n’y a pas eu plus de 2,6 millions de ”victimes de la terreur et de la répression politiques“, avec une interprétation élargie de ce concept. Ce nombre comprend plus de 800000 personnes condamnées à mort pour des raisons politiques, environ 600 000 prisonniers politiques morts en détention et environ 1,2 million morts dans les lieux de déportation (y compris en ”exil koulak“), ainsi que pendant leur transport (personnes déportées, etc.). [...] En conséquence, nous avons quatre variantes principales de l’ampleur des victimes (condamnées à mort et tuées par d’autres moyens) de la terreur politique et des répressions en URSS : 110 millions (A. I. Soljenitsyne) ; 50-60 millions (la soviétologie occidentale pendant la guerre froide); 20 millions (la soviétologie occidentale pendant la période post-soviétique) ; 2,6 millions (la nôtre, fondée sur des documents, des calculs). » Viktor Zemskov (1946-2015) était un historien soviétique de renommée mondiale. Largement cité, voire pillé, pour ses recherches de première main dans les archives, son refus d’appliquer les préjugés de la guerre froide à l’Union soviétique explique sans doute son manque de diffusion en Occident. Cette première publication en français comble ainsi un grand vide.

256 pages

ISBN 978-2-37607-230-0

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Syrie. Guerre globale, fin de partie ?
«S’il y a un Sujet de nature à se prêter à un ouvrage collectif, c’est bien la guerre de Syrie : une guerre globale d’agression, qui s’inscrit dans le plan mis en œuvre par l’Empire américain depuis 1991 pour asseoir sa domination sur le monde, alors qu’elle est en général présentée en Occident comme un combat spontané pour la démocratie ou une guerre civile. C’est depuis plus de douze ans une guerre de l’image et de la communication, un épisode qui aura été décisif dans l’affrontement géopolitique en cours entre l’Occident et l’Eurasie. L’idée d’un ouvrage collectif en français, faisant appel à divers auteurs, français, libanais et syriens, revient à Fayçal Jalloul, écrivain, chercheur spécialiste du Moyen-Orient, qui m’a demandé d’en assurer la coordination et la direction. La contribution de seize écrivains d’horizons divers et de spécialités complémentaires aura apporté une grande valeur ajoutée au traitement du sujet. Leur seul engagement commun est de défendre la cause de l’État syrien légal contre tous les empiètements étrangers. L’ambiguïté du titre évoquant une “fin de partie” ne nous a pas semblé incompatible avec l’évolution constatée depuis quelques années : si l’État syrien appuyé par ses alliés (Russie, Iran, Hezbollah libanais) a militaire- ment et politiquement gagné du fait de la résistance de son armée et de son peuple, comme le reconnaissent des médias étatsuniens, la situation pourrait se prolonger sous forme de la guerre hybride actuelle imposée sous forme de sanctions et mesures illégales par “le camp du Bien”. Mais la fin semble également liée aux évolutions géopolitiques en cours (en Ukraine et dans le monde) dans le sillage du grand basculement du monde au profit du camp eurasien, qui s’est accéléré brutalement au printemps 2023, affectant tous les continents, y compris le monde arabo-musulman qui semblait jusqu’à présent rivé à l’Occident. Le virage en épingle opéré par l’Arabie saoudite de Mohammad ben Salman est sans doute significatif : comme tous les autres pays de la planète, elle doit choisir son camp et elle entraîne dans son sillage la Ligue arabe qui fait son grand retour vers la Syrie, son cœur battant, ainsi qu’en témoigne le sommet tenu à Djedda le 19 mai 2023. Dans le même temps, on note l’ir- ruption de la Chine au Moyen-Orient, avec une médiation spectaculaire entre Riyad et Téhéran... Autant de développements auxquels ne s’attendait pas l’Occident. Les quelques phrases qui précèdent auront permis de ne pas clore notre ouvrage collectif sur un “trou noir”, ce qui eût été ennuyeux pour une “fin de partie”. » Michel Raimbaud.
Cet ouvrage regroupe les contributions de : Souraya Assi, Gérard Bapt, Ahmed Bensaada, Jacques Cheminade et Odile Mojon-Cheminade, Alain Corvez, Général Elias Farhat, Bruno Guigue, Fayçal Jalloul, Sonia Khanji-Cachecho, Nadia Khost, Akil Said Mahfoud, René Naba, Majed Nehmé, Michel Raimbaud, Leslie Varenne, Roula Zein.

ISBN 978-2-37607-251-5

218 pages

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Théorie de la violence
Théorie de la violence (2008) est le dernier livre publié par Georges Labica. C’est aussi celui de son idée première, celle d’une pratique de la philosophie portée hors d’elle-même, prenant le parti de l’impensable, de l’infréquentable. Pour Labica, toute violence est en situation, prise dans une histoire. Aujourd’hui, ses formes sont modelées et redéfinies par la mondialisation. Celle-ci a effectivement mondialisé la violence, la part destructrice du capitalisme l’ayant, avec la financiarisation spéculative, emporté sur la part positive, que vantait le Manifeste, au point que le système en vient, sous nos yeux, à se phagocyter lui-même. Cette nouvelle édition comprend, outre une préface de Thierry Labica, les commentaires et réponses de l’auteur. Dans une réponse à Etienne Balibar, Labica concluait ainsi de façon prémonitoire : « Dans la crise actuelle (...) la violence est inévitable, tant est écrasant le poids des souffrances endurées. Or, si elle ne trouve pas une expression de masse consciente de la nécessité d’une alternative radicale, elle s’engluera dans des révoltes spontanées aisément réprimables et/ou rendra possible une sortie de crise capitaliste porteuse d’une violence plus grande encore. Aucun choix ne nous est laissé. » Georges Labica (1930-2009), philosophe français, ancien professeur à Paris-X Nanterre et directeur au CNRS. Spécialiste de philosophie politique, en particulier de l’histoire du marxisme, il codirige avec Gérard Bensussan le Dictionnaire critique du marxisme (PUF). Auteur de nombreux ouvrages, Labica s’est d’abord intéressé à la pensée d’Ibn Khaldoun, mais aussi de Lénine, Robespierre ou Antonio Labriola.

ISBN : 9782376071921

300 pages

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Théories sur les crises. Tome I
De multiples recherches, renouvelées pendant des siècles, des théories diverses et rivales mais complémentaires et convergentes, ont visé à éclairer les bases des difficultés cycliques des crises économiques du capitalisme. D’où l’intérêt d’en rendre compte systématiquement pour avancer vers l’élucidation objective des crises et de ce défi majeur de notre époque : comprendre les fondements des crises et des reprises, jusqu’à parvenir enfin à des propositions pour s’en émanciper de nos jours. Nous sommes au défi du retour, au début du xxie siècle, des préoccupations fondamentales concernant les crises du capitalisme, après le déni de leur importance et de leur caractère nécessaire dans certaines théories économiques récentes, en raison de l’exacerbation des crises mondiales depuis 2008. Face à l’irréalisme fondamental de trop de travaux universitaires sur ces questions cruciales et à l’effondrement désormais reconnu de leurs illusions, il s’agit de faire un bilan pluriséculaire des acquis des théories des différentes écoles de pensée sur les fondements des crises cycliques, ou de suraccumulation et de dévalorisation de capital. Le premier volume concerne les limites fondamentales de l’accumulation des capitaux et leurs solutions, ainsi que plus précisément les crises cycliques et les reprises de période plus ou moins décennales dans le système capitaliste. Le second (à paraître en 2015) se rapportera plus particulièrement aux crises systémiques. Paul BOCCARA

ISBN : 978-2-915854-55-8

559 pages 30€

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Théories sur les crises. Tome II
Nous sommes au défi du retour, au début du XXIe siècle, des préoccupations fondamentales concernant les crises du capitalisme, après le déni de leur importance et de leur caractère nécessaire dans certaines théories économiques récentes, en raison de l’exacerbation des crises mondiales depuis 2008 et de la crise radicale en cours du capita-lisme, lui-même mondialisé. Et cela, face à l’irréalisme fondamental de trop de travaux universitaires récents sur ces questions cruciales et à l’effondrement désormais reconnu de leurs illusions, nous sommes aussi face au défi de la relance des propositions néo-libérales d’adaptation du système considéré comme indépassable. Il s’agit ici de faire un bilan pluriséculaire des acquis des théories des différentes écoles de pensée sur les fondements des crises systémiques, ou de suraccumulation et de dévalorisation de capital durables.Le premier volume de cet ouvrage (paru en 2013) sur les théories des crises concernait les limites fondamentales de l’accumulation des capitaux et leurs solutions, ainsi que plus précisément les crises cycliques et les reprises de période plus ou moins décennales dans le système capitaliste. Le second se rapporte ici plus particulièrement aux théories des crises systémiques, de la croissance, des cycles de longue période et des transformations du système capitaliste lui-même. Il va jusqu’à examiner la radicalité de la crise écologique et climatique ainsi que les défis de la progression des pays émergents au XXIe siècle. Il concerne une théorie critique néo-marxiste cherchant à dépasser les diverses analyses néo-keynésiennes. Paul BOCCARA

ISBN : 978-2-915854-83-1

Format : 15,5 x 24

Nombre de pages : 402

26€

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Tout est permis mais rien n’est possible
La logique libérale-libertaire, concept théorisé pour la première fois par Michel Clouscard en 1972, conjugue libéralisme économique et libertarisme sociétal, tous deux fonctionnant en étroit rapport, tous deux représentant la même face d’une pièce. Tout est permis, mais rien n’est possible propose, à partir des principaux concepts de Michel Clouscard, de décrire les processus qui ont mené à l’émergence de ce système, d’en décrypter les enjeux idéologiques et d’aborder les conséquences sociales, culturelles et économiques : émergence historique du néolibéralisme ; consumérisme, rites de consommation, rôle et la place des « marchés de la séduction » dans l’économie et disparition de la figure du travailleur de la scène médiatique.
Avec la participation de : Jean-Pierre Garnier, ancien chercheur au CNRS, Jean-Pierre Garnier est sociologue, spécialiste de l’urbanisme. Il est notamment l’auteur de La pensée aveugle. Quand les intellectuels ont des visions (1993) et de Une violence éminemment contemporaine. Essais sur la ville, la petite bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires (2010). Jean-Pierre Levaray, ouvrier de production dans l’industrie chimique dans l’agglomération rouennaise. Il est l’auteur de Putain d’usine, Après la catastrophe, La classe fantôme et Plan social. Aymeric Monville, philosophe, directeur de collection des éditions Delga et rédacteur en chef adjoint de la revue La Pensée. Il est notamment l’auteur de l’Idéologie européenne avec Benjamin Landais et Pierre Yaghlekdjian (2008) et de Misère du nietzschéisme de gauche (2007). Dominique Pagani, ancien professeur de philosophie, musicologue, proche collaborateur de Michel Clouscard. Auteur de Féminité et communauté chez HegelLe rapport de l’esthétique au politique dans le Système.  
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Tout leur reprendre
L’ère néolibérale du capitalisme semble se clore. Elle nous laisse un pays appauvri et en proie à une colère populaire exacerbée. En l’absence de projet alternatif de rupture portée par la gauche, la population de notre pays sombre dans un imaginaire de plus en plus fataliste. Ébranlés par la crise économique mondiale de 2008, les gouvernements français successifs ont fini de livrer notre pays aux marchés financiers. La capacité de l’État à garantir notre souveraineté est aujourd’hui remise en cause. C’est au cœur de cette pénombre que s’est imposé le gouvernement macronien. Le dénouement des mobilisations sociales du premier semestre 2023 ne laisse plus de place au doute. Le gouvernement casse toutes les règles qui permettaient le fonctionnement des institutions héritées de l’après- guerre. Corruptions, mensonges, humiliations, brutalités: sous la présidence d’Emmanuel Macron, tous les leviers de l’appareil répressif de l’État sont activés. L’objectif est précis, il s’agit de rendre inutiles toutes les organisations traditionnelles de la gauche et d’empêcher que les mouvements sociaux récents franchissent un stade supérieur d’organisation. Face à cette attaque globale, les stratégies de la gauche, oscillant entre indignation et réformisme, sont dans l’impasse. Leur utilité comme outil de lutte efficace est fortement remise en cause. Pour sortir de cette situation, elles doivent à leur tour s’affranchir des règles de l’Ancien Monde pour aller à la rencontre de ceux qui ont intérêt au changement en reprenant le chemin du socialisme. C’est cette perspective socialiste qui est la base nécessaire au rassemblement de ceux qui ne croient pas aux miracles, mais à l’action et à l’organisation. « Non seulement on doit plus rien lâcher, mais on doit tout leur reprendre, camarades ! Parce que sans nous ils ne sont rien ! »

Olivier Mateu, meeting CGT de Lavéra (Martigues), 26 janvier 2023

  Rémi Castay et Tibor Sarcey sont analystes financiers. Ils sont ou ont été membres jusqu’à récemment du Parti communiste français.

ISBN 978-2-37607-253-9

100 pages

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Trajectoires de la peinture
Attention, ceci n’est pas un livre d’art. Encore moins un essai sur l’esthétique. C’est le livre d’un peintre sur la peinture. A part Delacroix, Van Gogh et quelques autres, le phénomène est trop rare pour ne pas être signalé. Jean-Pierre Jouffroy fait ici parler la peinture de l’intérieur, dans son histoire et sa dialectique interne. De Giotto à Nicolas de Staël, de Bruegel à Charles Lapicque, la peinture est envisagée comme une succession de systèmes figuratifs d’ensemble, pensés historiquement. Loin de plaquer sur elle une rhétorique arbitraire, la peinture est ici conçue comme un langage propre, qui obéit à ses propres lois et excède le simple rôle d’ « illustration » naturaliste que l’académisme lui assigne. Avant de savoir ce que la peinture représente, il faut d’abord comprendre comment elle se présente, comprendre les lois de fonctionnement instrumental, gestuel et mental du peintre. Au travers de ce recueil presque exhaustif des textes de Jouffroy de 1962 à nos jours, de sa lutte en milieu communiste pour refuser les diktats du « réalisme socialiste » jusqu’à ses ultimes recherches sur la lumière, on apprendra également une multitude de détails : Comment évoluent les techniques et les matériaux ? Pourquoi le modelé est-il incompatible avec la couleur ? Quelle est la raison plastique de la rupture entre Van Gogh et Gauguin ? Pourquoi l’académisme contemporain en veut spécialement à la peinture ? Quel rôle jouent la division de la touche ou le ton local de l’objet dans la modernité ? Pourquoi l’abstraction porte-t-elle une attention nouvelle au caractère concret des moyens plastiques ? En quoi le physicien Chevreul a-t-il révolutionné la peinture ? Quel point de convergence peut-on établir entre les progrès de la physique et certaines théories picturales ? En quoi l’oeuvre de Chardin est-elle un point d’appui de toutes les modernités à venir ? Pourquoi ce qui caractérise le cubisme est moins le caractère statique du cube que le mouvement ? En quoi David est-il le père d’une conception pluraliste en art comme fondement de la politique culturelle ? En quoi Nicolas de Staël initie-t-il une reconstruction figurative à partir de l’abstraction ? Voici donc une invitation au voyage en compagnie de tous ceux qui ont fait la peinture moderne. Jean-Pierre JOUFFROY

ISBN : 978-2-915854-23-7

653 pages 28€

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Trotsky, le choix de la défaite
En 1933, Léon Trotsky, en exil politique, tente secrètement, mais en vain, de négocier avec Staline sa réadmission au sein de la direction bolchévique. C’est pourtant au chef du Kremlin qu’il attribue la « dégénérescence bureaucratique » de l’Union soviétique et une supposée entente de ce dernier avec Hitler afin de retarder une guerre prochaine dont l’exilé est le premier à la croire perdue d’avance pour les Soviétiques. Toujours animé du désir de revenir quoi qu’il en coûte au pouvoir – ne dit-il pas avoir personnellement sauvé de justesse une première fois la révolution russe, laquelle, sans lui, n’aurait été qu’un coup de main de Lénine ? –, Trotsky conspire alors pour éliminer de l’intérieur Staline et sa « clique ». Il s’agit de sauver le malade (l’URSS) de la « syphilis » stalinienne par « l’ablation d’une excroissance pernicieuse » que l’« on ne peut faire que par la force », en recourant « non pas à des mesures de guerre civile, mais plutôt à des mesures d’ordre policier ». La fin justifie les moyens. De nouveau mis en échec, il fait le choix de la défaite en préparant un nouveau « Brest-Litovsk ». Cela inclut de s’entendre tactiquement avec les nazis puisque « les victoires du fascisme, qui est en train de refaire à sa manière la carte de l’Europe, devront être payées en monnaie véritable dans tous les domaines, y compris dans celui de la question ukrainienne ». La référence instrumentale de l’exilé au « défaitisme révolutionnaire » sert son combat douteux: soutenir l’ambition territoriale nazie en Ukraine mais à mots couverts auprès de l’opinion publique pour renverser Staline qu’il considère comme le nouveau tsar. Lilian Truchon opère ce qui, à l’évidence, n’a jamais été fait auparavant: lire Trotsky. Cet autre regard sur l’ensemble de son activité théorique et pratique se démarque par nécessité de la légende dorée que l’exilé a forgée de lui-même. L’auteur touche à des problèmes tou- jours d’actualité : la question européenne, l’Ukraine et les relations germano-russes, la nature contradictoire du socialisme réel contre l’« autophobie » toujours aussi prégnante des communistes et leur fuite hors de l’Histoire, et ce que doit redevenir une politique anti- impérialiste authentique, incompatible avec le « nihilisme national ». Lilian Truchon est philosophe de formation. Il est l’auteur de Lénine épistémologue (Delga, 2013), Hobbes et la nature de l’État (Delga, 2018) et Évolution et civilisation en Chine (Classiques Garnier, 2020).

ISBN 978-2-37607-255-3

336 pages

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Tuer une nation. L’assassinat de la Yougoslavie
Après le renversement du communisme en Europe de l’Est et en Union soviétique, la République fédérale de Yougoslavie est restée le seul pays de la région à n’avoir pas rejeté ce qui restait de son socialisme pour installer à la place un système de marché sans entrave à la pénétration du capital. La Yougoslavie avait en effet refusé l’ouverture totale de son économie, de son secteur public important et de ses ressources nationales à prix bradés aux investisseurs et aux créanciers internationaux. C’est pour cette dissidence face au catéchisme inquisiteur capitaliste, et pour rien d’autre, que la Yougoslavie fut attaquée, démantelée et dévastée. Bien sûr il a fallu habiller cette vérité concrète dans la narration mensongère imposée ad nauseam par les médias et les pouvoirs politiques occidentaux : enrôler la question ethnique pour servir des intérêts de classe, en diabolisant Milošević comme le génocidaire absolu, et arriver à faire croire, malheureusement même à l’honnête homme, que l’OTAN, pourtant bras armé du capitalisme prédateur, avait effectué une « conversion humanitaire ». L’on tenait enfin une « guerre juste », des bombardements capitalistes humanitaires ! Michael Parenti montre ici au contraire que la plupart des opérations de nettoyage ethnique à travers l’ex-Yougoslavie ont été perpétrées non pas par les Serbes mais contre eux ! Et que le « plus grand défi militaire » – d’après l’expression de Clinton – de l’histoire de l’OTAN, fut en fait un passage à tabac sadique d’un petit pays par les forces militaires les plus puissantes du monde. Et comble de déréliction pour les Yougoslaves : ces puissances occidentales, pourtant entièrement responsables de l’effusion de sang et de la dévastation, ont pu apparaître comme… des sauveurs ! Dès la fin de la Guerre froide donc, la nature hideuse du capitalisme, désormais ibéré de la bride que le monde communiste concurrent lui imposait jusqu’alors, a pu se révéler sans plus aucune retenue. Ces bombardements impitoyables sur la Yougoslavie furent les premières concrétisations d’une longue série d’agressions prédatrices réalisées par une institution non élue, l’OTAN, qui se place au-dessus des lois, des nations et des peuples. Michael PARENTI Préface de Diana Johnstone, auteure entre autres de La Croisade des fous. Yougoslavie, première guerre de la mondialisation, Le Temps des Cerises, Paris, 2005.

ISBN : 978-2-915854-65-7

242 pages 19€

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