Quelle autre guerre aurait pu liguer quatorze puissances (USA, Royaume-Uni, France, Japon, Pologne, etc.), plus l’Allemagne, contre un autre pays, avant même la signature de l’armistice de la Guerre de 1914-1918 ? Cette guerre impérialiste contre la Russie soviétique décréta un blocus économique et sanitaire international, qui provoqua la mort de millions de civils et la famine de 1921 — au sujet de laquelle l’historiographie mondiale, très sélective, nous gratifie d’un silence assourdissant. Qualifier cette guerre internationale de « guerre civile » est donc particulièrement retors. En vérité, après la Révolution de 1917, il y avait le feu au château de la bourgeoisie internationale, et celle-ci dut improviser en urgence, n’ayant pas le loisir d’habiller son agression de pseudo-motifs d’ « ingérence humanitaire ».
Inconscient historiographique donc — guerre non-dite et non-sue —, justement parce qu’elle est le véritable laboratoire à ciel ouvert des antagonismes de classes exprimés sans fard — vu la précipitation des événements révolutionnaires. C’est en fait la guerre matricielle (de classe) de toutes les guerres qui suivront mais brouillées, elles, par des éléments idéologiques surajoutés. D’une promenade de santé, comme l’annonça la coalition, elle se solda pour celle-ci en défaite cuisante qui mit un point d’arrêt au conflit. D’autant que les mutineries et les « passages du côté des Rouges » se multipliaient et que, de l’aveu même du premier ministre britannique Lloyd George, il fallait endiguer les risques imminents de contamination de la révolution dans les pays coalisés.
Le capitalisme coalisé reviendra, mais sous d’autres formes, ayant pris le temps de s’habiller d’idéologies justificatrices pour mieux masquer les antagonismes de classe (Seconde Guerre mondiale, Guerre froide, contre-révolutions colorées, etc.).
Prix public 10 euros
ISBN 978-2-37607-124-2
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